Pourquoi ?
Ce n’est pas l’âge qui garantit
l’écoute. Je crois que notre parcours de vie, notre personnalité, sont en
premier lieu des éléments fondateurs.
Je ne savais pas que je ne savais
pas ou que je sais que je ne sais pas, il y a d’autres alternatives. Je ne sais
pas que je sais pour je sais que je sais. Quel est mon état de
conscience ? La vie, mon parcours de vie laisse paraitre une sensibilité,
une « compétence » innée ou pas à entrer en relation. Vous savez ces
enfants qui, on ne sait pas pourquoi, attirent les autres enfants plus jeune
que lui. Ces enfants qui participent aux discussions des adultes… Etais-je de
ceux-là ? Toujours est-il que je me suis construit sur une ligne par
toujours droite, mais sur une ligne de force. Je ne livre pas plus.
Doucement, et finalement très
vite, je bascule dans le monde de la formation, de l’enseignement. Je prends
plaisir à y jouer. Je flatte mon égo. Je marche à la reconnaissance. Je dis
souvent que l’enseignant est un acteur, il a devant lui une salle, des
spectateurs et une scène ; sur cette scène, il doit être présent. Je dis
souvent aussi que ma deuxième vie sera celle où je serai artiste, chanteur.
Faire vibrer, rencontrer, plaire… Derrière ce masque, il y a aussi tout ce qui
tourne autour de ce métier, derrière la salle, après la salle, avant la salle.
Je suis à l’aise dans mon métier, j’ai le sentiment de passer peu de temps à
préparer pour transmettre ce que je sais. Par contre, j’ai besoin de la
rencontre, et le plaisir est multiplié quand l’apprenant vient à la rencontre,
pour discuter, pour ouvrir. Dans ces moments, je ne compte pas, j’entre en
relation. Par contre, quel était mon rôle ? Quelle était ma posture ?
Etais-je écologique ?
Les années ont passé, je bascule.
J’ai déroulé, sur ma première
partie de carrière professionnelle, la majorité du temps en face à face
pédagogique. Indépendant, je trouvais de l’intérêt (personnel) à être
multi-employeurs et donc très indépendant. J’étais payé pour le cours et que le
cours. Cela ne retirait pas de construire avec les structures, de prendre du
temps pour l’autre, les autres ; la liberté de faire pou de ne pas faire,
sans contrainte, était un moteur. De cette position pluriel, je suis passé à
mono avec toujours, je le crois, le même enthousiasme. Un matin « vagabond
et rêveur », mon esprit a été traversé par un arrêt brutal :
« encore ce vieux c… ! » Quelle était cette pensée que je
portais à l’autre ? Rien n’avait été dit ? Il n’y avait pas de tension,
pas de heurts. Je décide de « breaker », de ne plus enseigner mais de
toujours continuer dans le monde de l’éducation et si possible dans
l’enseignement supérieur. « Béni des Dieux, chanceux… » Il réalise la
liaison près de chez lui. Depuis 14 ans, il partage le quotidien d’environ 500
jeunes : une vraie société, au sens sociétal. Il développe son nouveau
métier (pardon : je, je ne suis pas il). Je construis donc mon
environnement professionnel, car la fonction que j’occupe est à créer, à
modéliser. Elle sera donc à mon image.
Je suis retourné depuis dans la salle ; le manque ? Assurément non,
quoique, mais montrer une autre facette dans cette structure, pas vers ma
hiérarchie mais vers le public et un peu vers une frange de mes collègues.
« Je suis dans le fosse, dompteur de tous
mes lions ! ».
Finalement, 1988-2012 : 24
ans. Voilà 24 ans que je suis en liaison, en parallèle de l’accompagnement.
La 25ème année, c’est
décidé : je bascule.